Charrue Huberpflug, en version doubles disques rotatifs et coutres conservés © Huberpflug, 2021
Nouvelle charrue à disques rotatifs, un concept novateur pour réaliser des économies de carburant
À la différence de celles que nous connaissons aujourd’hui, la charrue Huberpflug, du nom de son inventeur, voit ses versoirs remplacés par des disques. Grâce à une friction limitée, son inventeur annonce jusqu’à 25% d’économies de carburant ainsi qu’un meilleur mélange des résidus pour optimiser le labour.
À l’heure où la tendance est à la réduction de l’usage des produits phytosanitaires, la gestion des adventices est devenue une problématique majeure pour les agriculteurs. Malgré les nombreuses techniques de travail du sol actuellement utilisées, le labour reste tout de même l’un des meilleurs remèdes pour faire face à cet enjeu. Connue comme étant une pratique très énergivore liée à la puissance requise pour enfouir les résidus de culture à une profondeur comprise entre 20 et 30cm, Franz-Ferdinand Huber a développé une alternative innovante, la charrue Huberpflug.
Cet ingénieur Autrichien indépendant, est à l’origine d’une charrue inédite, à doubles disques. Les versoirs présents habituellement sur une charrue brabant sont remplacés par des disques crénelés d’environ 60 centimètres de diamètre, avec une inclinaison semblable aux corps habituels. Dans une seconde version, les coutres sont eux aussi remplacés par des disques horizontaux de plus faible diamètre.
Bien que l’on ait déjà vu des variantes similaires , notamment avec des charrues à disques en planche, Franz-Ferdinand Huber affirme que celle-ci se démarque des charrues conventionnelles de par sa faible consommation en carburant (jusqu’à 25% d’économies) et l’usure réduite des pièces (Bordeau, 2021). D'autre part, cette dernière permet d’optimiser le mélange des débris et de mieux émietter le sol. Il justifie cela notamment par la réduction de la friction entre le sol et l’outil, grâce à la rotation des disques (Huberpflug, 2021). Actuellement au stade de développement et suivi par quelques universités allemandes, la production devrait débuter avant la fin 2022. Il reste à déterminer si la solution sera vendue sous forme de charrue complète ou simplement de modules unitaires à adapter sur une poutre de charrue déjà existante.
Bien que ce concept semble très intéressant, beaucoup d’interrogations persistent encore, et peu de données permettent de juger réellement des capacités de cet outil. Avec une consommation moyenne d’environ 15L/ha au labours (Cuma Ouest, 2010), des économies de 25% permettraient alors d’économiser jusqu’à 3.75/ha grâce à cette charrue, si l’on en croit les propos de M. Huber. Seul un test grandeur nature, avec deux tracteurs identiques et des charrues présentant le même nombre de corps, dans la même parcelle, permettrait de se faire une idée plus sérieuse sur les chiffres annoncés. Il conviendrait également d’avoir des retours d’utilisateurs pour juger si le mélange des débris et les reprises de labours sont améliorés par cet outil ou non, et si il est adapté à tous types de sols. De nombreux points sont donc encore à éclaircir afin de juger si les économies réalisées dépassent le coût généré par cette innovation.
Sources : Bordeau, P., 2021, Entraid, Charrue Huberpflug : un outil économe grâce à des pièces rotatives ; Cuma Ouest, Ouest.cuma, Travail-du-sol-BRETAGNE.pdf. Huberpflug, Huberpflug The Low Energy Plow.
Antonin Bayard et Victor TellierAENT162